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ART QUI BOUGE
21 décembre 2015

ABDERRAHMANE ZENATI : Lettre à ma petite fille Fatima-Zohra

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Lettre à ma petite fille Fatima-Zohra

 

Comme je suis heureux de te voir naître et grandir ma petite colombe…Et comme je suis triste de constaté que dans cette ville où je suis né et grandi moi-même on a assassiné le rêve. Si tu savais...Comme c’était beau autrefois! Beaucoup d'entre nous étaient pauvres mais nous étions tous animés de l’amour de la patrie et de ses bonnes causes, Nous avions tous l'idée de pouvoir créer nous-mêmes la ville et le monde dans lequel nous voulions vivre… Hélas, ma petite colombe ! Cette ville et ce monde a fait place au mercantilisme, à la corruption et au cynisme. Te voir grandir dans ce monde de grisaille me brise le cœur. J'aimerais te raconter l'histoire d'une autre ville, d’un autre monde, celui dans lesquels j'ai grandi et où tout était encore possible. Du moins dans mon cœur, ici, à Oujda, dans ce beau pays libéré par ses hommes et par le sang de nos martyres, ce pays où demain nous appartenait encore. Oui, dans cette ville et dans ce pays où j'ai grandi, ma petite colombe, les grandes personnes se sentaient capables de grandes choses, Nous étions sur le point de créer ici quelque chose d'inédit, quelque chose qui nous ressemblait. Quelque chose de beau. Chacun de nous avait un bouillonnement en lui, un foisonnement d'idées avec des gens prêts à travailler ensemble parce que nous avions la certitude de pouvoir atteindre collectivement ce qui nous avait été nié individuellement pendant si longtemps : la dignité, le respect, le droit de regarder les autres sans baisser les yeux. Le droit de choisir notre façon de vivre et de choisir nos élus. Je n’avais jamais pensé que je vivrais jusqu’à voir un fils, sans vraiment comprendre, juger, insulter, menacer et terroriser son propre père...De voir certains responsables « élus » ne réussir qu’à fructifier leur « propres » affaires, oubliant notre confiance mise en eux. Des « élus » si zélés qui improvisent et prennent des décisions à la hâte… Cette histoire d’abattre les oliviers de la ville, « Pourquoi tous les oliviers ?» j’avoue que cela me dépasse… Si ce n’est qu’un cauchemar, réveille-moi donc, ma petite colombe

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