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ART QUI BOUGE
21 mai 2015

Abderrahmane Zenati LA DÉMENCE HUMAINE

LA DÉMENCE HUMAINE

Extrait

 

"... Il était minuit en ce 18 décembre 1975. C'était les beaux jours de l’Aïd El Kebir. Exceptionnellement, il neigeait. Je dormais chez moi lorsque soudain la sonnette de la porte vibra. En regardant de la fenêtre, j'ai vu une R4, voiture de service de la santé publique arrêtée devant chez moi.
— Venez vite, Monsieur Dahmane, me dit le chauffeur. Le docteur Maâmar vous demande d'aller de toute urgence voir ce qui se passe à la frontière de Zouj B’ghal.
Le docteur Maâmar était le médecin chef de la province d' Oujda. Et moi, en tant qu'infirmer, j'étais chargé du social et de l'éducation sanitaire.
. Je me suis habillé à la hâte et je me suis engouffré dans la voiture sans comprendre ce qui se passe.
Raoui Hmida, le chauffeur démarra son véhicule à toute allure.
— Que se passe-t-il ?
— Je ne sais pas. Le médecin chef Maâmar m’a téléphoné pour me dire de venir te chercher d’urgence... C’est tout ce que je sais, me dit-il.
Il nous a fallu moins de dix minutes pour faire les douze kilomètres qui séparent Oujda de Zouj B’ghal, la frontière Maroco-Algérienne.
Arrivés à destination, j’ai trouvé tout un remue-ménage indescriptible : dans l’un des bâtiments de la douane, les autorités locales d’Oujda étaient presque au complet, avec à leur tête le gouverneur de la province. Je ne croyais pas mes yeux. Des milliers et des milliers de Marocains étaient inhumainement expulsés de L’Algérie sous la menace des armes.
La neige tourbillonnait, le vent courait au galop dans un hurlement qui charriait des nuages de poudre glaciale... Ce fut un spectacle horrible ! Des enfants à moitié nus pleuraient, des hommes et des femmes, tremblaient de froid, les yeux pleins de larmes, ne comprenaient pas ce qu’ils leurs arrive... hébétaient, ils juraient le nom de Dieu et maudissaient les responsables algériens qui étaient la cause de leur calvaire...
J’ai vu des femmes, des hommes et des enfants entassés comme des bêtes dans des camions, arriver avec un rythme infernal. C’était un pitoyable cortège de cauchemar. Des milliers de Marocains qui vivaient depuis des décennies en L’Algérie se trouvaient, malgré eux, défilant comme des fantômes à la frontière en terre Marocaine . La majorité d’entre eux n’avaient jamais foulé le sol de leur pays. Rien ni personne n’avait prévu cet exode massif.
C’était affreux ! Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards aussi, qui étaient en L’Algérie depuis des générations, et qui, tout à coup, ne comprenaient pas pourquoi ils étaient chassés de cette terre qui était toute leur vie. Couverts de boue et de neige, ils grelottaient de froid... Une horde d’êtres humains, épuisés, hagards et fatigués errait dans toutes les directions sans comprendre ce qui leur arrivait. Moi-même, sur l’heure, je ne réalisais pas encore clairement ce qui se passait. C’était comme si je voyais un spectaculaire film hollywoodien sur les Nazis... Incroyable! Même les Israéliens n’avaient jamais agit de la sorte avec les Palestiniens, avait dit quelqu'un... "

 

 

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