Abderrahmane Zenati : Lettre ouverte à tous les Oujdis et à tous les passionnés de l'art et de la culture dans notre pays.

Lettre ouverte à tous les Oujdis et à tous les passionnés de l'art et de la culture dans notre pays.
Bonjour mes chers amis(es).

Je suis fier de cette solidarité entre certains Oujdis dans ce combat qu'ils mènent, sans relâche, pour dénoncer ces responsables qui improvisent en tout et défigurent le charme naturel de notre ville... Qui ne cessent de détruire les places historiques, les écoles, les édifices et les arbres légendaires comme les térébinthes, les caroubiers, les faux-poivriers et dernièrement… les oliviers...

Mais voilà, en ce qui concerne le domaine de l’art et de la culture, rares sont nos compatriotes qui encouragent et manifestent leur solidarité avec nos artistes opprimés.
Tous, avec nostalgie, évoquent avec tristesse ceux qui sont mort inconnu et dans la misère… Comme mon ami le conteur et poète populaire Abdallah Almagana, comme Cheikh Tayeb qui avait enseigné le sens du bien et du mal à tous les enfants qui, comme moi, la fatalité avait condamnés à vivre dans la rue. Comme Mohamed Meskine, l’un des pionniers du théâtre dans notre ville, et son compagnon des planches, le dramaturge Belaïd Abouyoussef…ce dernier, comme tant d’autres artistes, vit actuellement dans un dénuement frôlant la misère.
Si tout le monde parle aujourd'hui de nos artistes créateurs qui ne sont plus de ce monde, personne ne dit rien sur ceux qui sont encore vivants et luttent bec et ongle par leur modestes moyens pour faire connaitre leur amour et leur passion pour l'art.

Personne ne dit rien sur cet injustice que personnellement j'ai subie du ministère de la culture qui, volontairement ou pas, marginalise les artistes de l'Oriental. Voilà, autant que je suis heureux de la création d’un musée des arts au Maroc, autant je suis déçu par la mauvaise conduite de ses responsables dans le choix de la liste des œuvres des artistes présentées au public.

Je ne prétends pas que je suis un artiste avec un grand A. Mais, vu mon âge, je suis, avec toute modestie, le père spirituel de tous les artistes de l’Oriental. J'ai commencé à peindre et à exposé avant que naissent tous ceux qui fréquentent actuellement les cimaises.

A partir d’Oujda, j’ai réalisé des centaines, pour ne pas dire des milliers de toiles, que j’ai eu le plaisir d’exposer partout dans le monde. Mes œuvres se trouvent actuellement à l’OMS, à l’ONU. au FMI, chez des chefs d’État, dont Sa majesté Hassan II, Mohamed VI, Jacques Chirac et j’en passe…

Mes ouvrages se trouvent aussi dans des hôtels prestigieux, tant au Maroc qu’à l’étranger, chez les amateurs de l’art, chez les collectionneurs et dans collections privées des banques.

J’ai peins des milliers et des milliers de chevaux, autant, sinon plus que le nombre de ces nobles animaux dans tout le Maghreb.

J’ai réalisé des centaines de portraits, dont celui du Roi Hassan II : 70 mètres carrés. Tous les oujdis de mon âge se le rappellent encore.

Tout en étant autodidacte, sans jamais avoir la chance de passer par une école, j’ai écris plus de livres que n’importe quel écrivain marocain. 63 édités et une trentaine en cours d'édition.

La ville d'Oujda m'a honoré cette année en m'offrant la médaille du mérite.

En 2009, à l’époque où Al Kandouci était le délégué du ministère de la culture dans l’Oriental, fut organisée à oujda, à la municipalité, une exposition des œuvres des peintres locaux pour choisir les toiles pour le future musée.

Deux de mes œuvres furent retenues, œuvres que j’ai offerts pour le musée en question.

Je suis déçu, mes amis et les admirateurs de mon art qui ont visité ce magnifique musée m’appellent pour me dire leur indignation de ne trouver ma trace parmi les artistes exposés.
Où sont passées mes deux toiles offertes ?

Et pourquoi les artistes du Maroc-Oriental sont toujours marginalisés, voir ignorés dans leur propre pays?
.Be or not to Be... Telle est la question…