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ART QUI BOUGE
18 avril 2016

Abderrahmane ZENATI: Hommage à l’artiste peintre et écrivain français Albert Matherat.

 

Parmi toutes les personnes extraordinaires que j'ai connu durant ma vie d'enfant à Oujda, je garde un très bon souvenir de l’artiste peintre et écrivain français Albert Matherat. Les gens de ma génération se rappellent encore de ce dentiste qui avait abandonné son noble métier pour se consacrer uniquement à sa passion artistique. Albert Matherat était une de ces personnalités européennes qui avaient aimés le charmes naturel de la ville d'autrefois. Un de ceux qui aimait sincèrement le Maroc et les Marocains. Avec son style de peintre orientaliste, il peignait des nus d’après model d'un réalisme époustouflant. Il avait les mêmes touches, les mêmes couleurs et la même lumière que le célèbre Étienne Dinet, le peintre orientaliste français de Boussaâda, devenu par la suite musulman.

Albert Matherat avait écrit Mektoub, ouvrage illustré qui traite des traditions et coutumes de la région de l'Oriental. Malheureusement ce manuscrit n'a jamais était édité. 
Cet homme généreux et altruiste avait aidait beaucoup d’enfants de la rue à sortir de leur misère. En plus de vêtements, de médicament et de nourritures, Il donnait gratuitement des cours élémentaires de français, de dessin et de peinture à des jeunes qui n’avaient aucune notion de l’art. Personnellement, mes premiers rudiments de français et mes premières notions de peinture et ma sensibilité artistique, sont en partie ceux que j’avais appris avec cet homme qui avait beaucoup d'humanité et de grandes qualités. Il disait souvent à ces amis en buvant un verre de rouge: Le monde de l’art contemporain avec sa puissance d’invention s’offre à cette jeunesse marocaine avide de savoir. 
Avec mon ami Abdelkrim Bachar, le peintre talentueux et l'un des pionniers des artistes d'Oujda, nous allions souvent à l'atelier d'Albert Matherat,un lieu entouré d‘un immense jardin qui se trouvait près du cinéma Le Paris. 
Nous admirions ses nombreuses toiles de différentes dimensions, toutes saisissantes de réalisme. J'ai en mémoire cette immense peinture murale de femme nue, faite d'après nature. C'était le beau corps d'une belle femme marocaine qui était sa muse et son modèle pour presque tous ses tableaux. L'artiste et son modèle, qui vivaient dans la même maison, entretenaient une relation « ambiguë ». Probablement ils étaient amants, mais j'en doute car L'artiste était déjà vieux et fragile et son modèle jeune et plein de vie et de santé. Je revois toujours la sculpture d'un chien réalisée en argile dans un coin de son jardin. . Elle trônait sur la tombe de cet animal qu'il aimait . Il avait laissé tout son héritage à son modèle, une belle femme marocaine qui avait de grandes qualités: Elle était douée d’une intelligence pratique assez vive et d’une ténacité à toute épreuve. A une époque de sa vie, elle était placeuse au cinéma Le paris, lorsque cette salle étaient encore un lieu mondain. Malheureusement, tous les œuvres de cet artiste furent bradées et tous les objets d’art de son atelier, digne d’un musée, sont perdus à tout jamais. Et pour finir le massacre, l'atelier et l'immense beau jardin se sont transformés en un immeuble avec plusieurs appartements de location.

 

 

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