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ART QUI BOUGE
15 février 2016

C'est une vieille boite d’aquarelle que j'ai trouvée dans une poubelle qui a fait de moi un artiste peintre...

Tout ce que j'ai appris dans ma vie, tout ce que je sais faire avec mes mains et mon imagination, je le dois à une vieille boite d’aquarelle que j'ai trouvée dans une poubelle, lorsque je n’était qu’un enfant de la rue….

 

Ce n’est pas moi qui ai décidé d’être peintre, c’est la peinture qui m’a choisi. J’avais un peu plus que dix ans. orphelin abandonné par les miens, je vivais à Oujda comme des centaines d’autres enfants, filles et garçons dans la rue. Je dormais à la belle étoile à la merci de tous les dangers. Maigre comme un clou, crasseux et vêtu de guenille je pataugeais jusqu’au cou dans la misère. Pour subsisté, je mangeais n’importe quoi…Tout ce que je trouvais comme mangeable dans les poubelles et les décharges publiques. Je me rappelle un matin, pas comme les autres. Il n’était pas encore sept heures et il faisait très chaud. Le vent du Sud soufflait par rafales. Il me desséchait les lèvres, raccourcissait ma respiration et faisait bouillir le sang dans mes veines. En cherchant quelque chose à manger dans une poubelle, devant une porte d’une riche famille française, face au cimetière chrétiens, j’ai trouvé une vieille boite de peinture à l’eau, déjà entamée... En étalant, par instinct, de la couleur avec mes doigts sur un vieux carton, j’ai vu apparaître des couleurs qui m’ont ravi. Les mélanges obtenus par hasard m’avaient fasciné... D’un blanc et d’un rouge, un rose parut par enchantement... D’un bleu et d’un jaune un vert prit forme... Ce fut pour moi une immense joie. Cette découverte m’amusa et occupa mon esprit. Elle m’avait fait oublier pendant quelques instants ma faim et ma désolation. Ce mélange des couleurs a été le déclic qui déclencha spontanément ma passion et ma sensibilité pour la peinture …. Plus tard, toujours par instinct, par amour, par plaisir, je passais des heures à noircir les murs avec du charbon en dessinant les personnages de bandes dessinées : Zorro avec son masque, des cow-boys sur des chevaux, des indiens coiffés de leurs plumes, Tarzan et ses animaux sauvages... Lions, singes, éléphants, girafe… Je dessinais n’importe quoi sur n’importe quel support, surtout sur les portes des écoles... Cela émerveillait les enfants de chaque cartier que je fréquentais. J’avais compris alors que grâce au dessin, les enfants des familles riches acceptaient ma présence parmi eux. Mes modestes talents artistiques me permettaient de partager leurs jeux, leurs discussions et leur goûter... Au fond de moi-même quelques choses s’étaient ancrées ou avaient bourgeonné. Je me sentais devenir autre. Il s’est produit un remarquable revirement chez les parents de mes petits camarades, quand ils ont vu mes dessins... quand ils se sont rendu compte que je n’étais pas le monstre qu’ils imaginaient et, au contraire, avaient découvert en moi une sensibilité et un soupçon de don, ils me témoignèrent de la sympathie et les sourires avaient remplacés les brimades... Les mots d’encouragement s’étaient succédés aux injures… »

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